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Ce questionnaire ne remplacera jamais la rencontre entre un·e chercheur·euse et un·e archireveur·euse, mais c’est une approche, entre écrans, appelée à évoluer.
Ce catalogue, non exhaustif, permet d’être renseigné sur l’expérience subjective du rêve, en catégorisant son récit en fonction d’une classification précise mais nuancée.
Toutes ces informations permettent, tout en individualisant chaque archireveur·euse, de comprendre un instant de notre histoire commune et d’y voir l’altérité de nos alter ego.
En répondant à ces questionnaires, vous permettez d’enrichir les possibilités de la recherche onirique tout en conservant votre anonymat d’archireveur·euse.
Les axes de recherche majeurs de la science du rêve portent sur les échos entre les intérêts de l’individu dans l’éveil et sa production onirique ; ainsi la majorité des questions cherchent à mieux cerner la personnalité de l’archireveur·euse éveillé·e et ses conditions de vie quotidienne.
Certaines questions et catégories proviennent du site et d’enquêtes de l’Insee, de discussions avec des chercheuses, chercheurs, de textes universitaires ou d'articles journalistiques.
D’autres questions se nourrissent d’intuitions plus libres exprimant l’envie de découvrir de nouvelles corrélations statistiques.
Géré par un groupe bénévole – de non-professionnels, d’amis·e·s –, archireve.fr tente d’allier rigueur scientifique et ludisme amateur. archireve.fr n’aspire pas à présenter une cartographie parfaite des rêves francophones, ni à dresser un classement rigoriste d’archives, mais tente, pas à pas, d’aider l’humain d’aujourd’hui à se rêver éveillé.
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QUESTIONNAIRE
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iINFORMATIONS
Genre
Genre
La question du genre permet de percevoir l’archireveur·euse dans sa fluidité, sans le·la stigmatiser.
- Le genre a été une des données, avec l’âge, à partir desquelles les premières études oniriques (Hall et Van de Castle, 1951) ont permis de pointer les différences pouvant exister dans le contenu de rêves de divers individus. À l’époque, cela met en évidence des disparités entre hommes et femmes. L’ambition est ici de remettre à jour ces études tout en élargissant la question aux nombreux genres absents des recherches par le passé et en prenant en compte la notion de fluidité. Il serait, par exemple, intéressant de noter les différentes perceptions du sexe et du genre qu’une personne a d’elle-même entre sa vie diurne et sa vie onirique. Percevoir son sexe/genre, ou le sexe/genre d’une personne qu’on désire dans son rêve, peut être intéressant dans les questionnements sur l’identité.
- Des articles, comme ceux de Maurice Stauffacher dans la Revue médicale suisse, soulignent que, si nous avons la mémoire d’une identité de genre qui nous évite de nous réinventer chaque jour à notre réveil, la nuit « les processus cognitifs se relâchent et se ressaisissent tour à tour » : les murs du récit de l’identité s’abaissent pour un temps et accueillent en leur sein le désir d’être différent. C’est « l’expression d’une saine curiosité transgressant les barrières culturelles » mises en place dans les sociétés, peut-être l’expression la plus évidente d’une empathie pour ce qui nous est étranger.
Milieux
Déjà au début du xxe siècle, Halbwachs s’opposait à son professeur Bergson sur une question qui fait encore aujourd’hui débat : le rêveur est-il toujours pris dans le tissu de la société dans son sommeil, ou bien parvient-il à y échapper la nuit ?
Sans prendre part à la querelle, un ouvrage tel que La Part rêvée de Bernard Lahire montre, en analysant des récits de rêves de « transfuges de classe », des manifestations de culpabilité, d’insécurité, pouvant faire référence au déracinement social des rêveurs.
En étudiant les rêves de Laura, jeune agrégée de littérature provenant d’un milieu ouvrier, on observe le brassage constant de situations où ses parents font irruption dans sa nouvelle vie (par exemple, sa mère en voiture qui bloque la circulation sur la route de l’université dans laquelle elle étudie) ; mais également son sentiment d’infériorité vis-à-vis de camarades qui se sont instruits dans des universités plus prestigieuses : dans ses rêves, elle se déprécie en ne partageant avec eux que ses plus mauvaises notes.
Relation au travail
Le temps, la nature et la façon dont nous nous sentons au travail influencent la qualité du sommeil et peuvent être des facteurs de nombreuses projection
- Une étude allemande datant de 2009 établit qu’un rêve sur cinq concerne notre travail. Selon Tristan-Frédéric Moir, psychanalyste et spécialiste de l’interprétation des rêves, beaucoup de rêveur·euses s’imaginent dans des situations de mise en échec, permettant à l’inconscient de revivre le stress accumulé, afin d’envisager les difficultés et de les apprivoiser. Il rapporte aussi des rêves de réussite et de toute-puissance – comme chez les enfants, chez qui les rêves glorifiants permettent de se convaincre qu’ils pourront maîtriser un jour le monde. S’imaginer patron à la place du patron serait alors un moyen compensatoire inconscient, parfois émancipateur.
- Dans les années 1950, des scientifiques anglo-saxons ont fondé une banque de rêves. Elle révèle notamment des différences selon les professions. Mais de manière générale, la part des rêves de travail a explosé en une cinquantaine d’années. Le burn-out, expression de l’évolution du monde du travail dans la société contemporaine capitaliste, conduit à la dépression, à l’épuisement et, donc, se répercute largement sur notre vie nocturne. Des travailleurs d’Amazon ont ainsi rapporté une porosité entre leur activité salariale et leur sommeil. Travaillant avec une oreillette leur permettant de recevoir des instructions sur les prochains colis à traiter, certains salariés continuent à entendre dans leurs rêves cette voix, invariablement présente.
Cette question pourrait permettre d’entrevoir le rapport entre le type de hiérarchie, de fonctionnement, de lien au travail, avec les sensations liées aux rapports humains, aux classes sociales, au sein du rêve. Aussi, comment rêve-t-on en une période de télétravail, d’étude à distance, d’augmentation du chômage, de licenciement, du « tout-numérique », de l’explosion du travail précaire ?
Relation à un paysage
Le paysage peut définir un rêve bien plus que l’action ou ses personnages. Le souvenir du lieu, comme dans la vie éveillée, peut devenir la seule sensation prégnante d’une atmosphère qui nous reste d’un rêve.
Mais est-ce que les paysages de notre vie de veille influent sur nos rêves ? Et les paysages de notre enfance, de notre vie actuelle, de nos désirs ? Est-ce qu’une personne qui, dans l’enfance, vivait au pied d’une montagne, percevant une nature plus grande mais abordable, rêve autrement qu’une personne qui dormait enfant, en bord de mer, devant une nature plate, infinie et impalpable ? On dit qu’on est métamorphosé par notre environnement : à la campagne, nos mains sont calleuses comme la terre, en ville nos corps élancés à la manière de longs immeubles, et pour nos rêves ?
- En Corse, les mazzeri sont des personnes porteuses d’un don de prophétie funèbre, qui s’exprime dans leurs rêves. Ces chasseurs oniriques sont liés à des paysages qu’ils connaissent parfaitement. Ils y traquent un animal dans une nature opaque, souvent à l’image de leur environnement diurne. Le museau de la proie finit par se métamorphoser en visage humain : cet homme ou cette femme va bientôt mourir. Alors au mazzeru d’agir…
- Attestée dans les trois grandes religions monothéistes et jusqu’à la Grèce Antique, l’incubation consiste à s’endormir dans un lieu donné – fontaine, grotte, temple, afin d’y recevoir un rêve prophétique, une vision, un message, une aide. De la même manière, partir en vacances dans une maison de campagne, lorsqu’on vit habituellement en ville, permettrait-il des rêves d’une autre nature ?
Foi spirituelle
Animisme : conception générale qui attribue aux êtres de l’univers, aux choses, une âme analogue à l’âme humaine.
Théisme : doctrine qui affirme l’existence d’un Dieu personnel, cause du monde.
Déisme : doctrine religieuse qui rejette toute révélation et ne croit qu’à l’existence d’un Dieu comme cause du monde et à la religion naturelle.
Agnosticisme : doctrine qui considère que l’absolu est inaccessible à l’esprit humain et qui préconise le refus de toute réponse aux questions métaphysiques.
Athéisme : doctrine qui nie l’existence de Dieu.
Panthéiste : philosophie d’après laquelle tout ce qui existe est identifié à Dieu.
Le relation de l’homme et des dieux est dans le sang du rêve : « Le rêve est animisme par nature » (Tobie Nathan, La Nnouvelle interprétation des rêves, p. 219).
- C’est à travers ce monde connecté au divin, à l’immatériel, à l’au-delà, que l’on voyait et que l’on voit toujours le sens du rêve : une aide, un message, une prophétie, une communication. Tous les peuples ont un rapport intime au rêve, et son message, et son utilisation religieuse en est lae plus pratique : incubation, medecine-dream, onirocritie, cultes des morts, apparition, etc. Les différentes définitions proposées permettent d’appréhender, au-delà des symboles perçus dans le rêve, le lien possible avec une pratique sacrée, que l’archireveur·euse tisse dans son monde onirique. Pour Tobie Nathan, en Occident, les rites mortuaires païens, primordiaux, ont été écrasés par l’Église, puis soufflés par la science, et les morts renaissent alors dans nos rêves, dans l’attente d’un deuil rituel, du rétablissement d’un ordre. « Les morts apaisés donnent aux vivants ; les morts suspendus, mal morts, mal enterrés ou sans funérailles, les morts maltraités, quelquefois de manière contraire à leur tradition, ceux-là viennent exiger leur dû aux vivants » dans le monde du rêve.
- Georges Devereux raconte que, pour les Indiens Mohave de Californie, chaque maladie a été préétablie lors de la création du monde. Lorsque le medecine-man entreprend de soigner un malade, c’est qu’il a assisté en rêve à la création de la pathologie. « Ainsi, lorsque les armes à feu firent leur apparition et infligèrent des blessures par balles, un chaman rêva bientôt qu’il avait été témoin de la phase de la création du monde qui se rapporte à l’établissement primordial, prototype et constituant un précédent de toute blessure par une arme à feu et de sa guérison » (Georges Devereux, Les Rêves pathogènes dans les sociétés non occidentales, p. 195).
Relation au sommeil
Toutes ces informations permettent, tout en individualisant chaque archireveur·euse, de comprendre un instant de notre histoire commune et d’y voir l’altérité de nos alter ego, tou·te·s en chœur.
Relation aux rêves
Les rêves nous parlent, nous mettent en garde, ou nous font jouer des scènes déstabilisantes. En répondant à ces deux questions, des multitudes d’hypothèses sont possibles. Est-ce que la fréquence de souvenirs de rêve augmente leur qualité narrative ? Est ce qu’un type de rêve se dégage chez ceux·celles qui y prêtent moins attention ? Et est-ce que la lecture d’autres rêves vient enrichir l’imaginaire onirique ?
- On observe dans notre rapport aux rêves une différence interculturelle. Dans la religion des Aborigènes d’Australie, l’univers est né du temps du rêve. Barbara Glowczewski le désigne comme un espace-temps parallèle à notre temps profane. Ainsi, chaque élément naturel porte la trace d’êtres ancestraux qui ont modelé la terre. Ces empreintes ont donné naissance à des rêves particuliers (rêve du Serpent Arc-en-ciel, rêve des Hommes Kangourou, rêve des Peuples Nuages ou rêve d’Ignames, rêve Frères Vent ou rêve Femmes Bâton à fouir). Ils ont été transmis de génération en génération par l’intermédiaire de mythes, de chants, de peintures corporelles… Dans cette tradition, chaque Aborigène est gardien d’un rêve et se doit de l’entretenir et de le transmettre.Une grande différence existe entre les cultures : dans nos sociétés contemporaines occidentales, le rêve est traité de manière neuronale, scientifique, où l’imagination, le soin, occupent une place minime. Par ailleurs, on a vu, durant la crise du Covid-19, un regain de travaux artistiques, de récits, d’intérêt porté aux rêves, montrant l’importance vitale de cette vie nocturne pour notre inconscient.
- À travers cette question, nous notons aussi les différences interpersonnelles. En effet, chaque archireveur·euse possède un rapport intime particulier à ses rêves. Certain·e·s les considèrent comme de simples restitutions de leur journée sous forme d’images loufoques, d’autres en parlent au sein de leur groupe ou les écrivent chaque matin et y trouvent des significations particulières, quelques-un·e·s les transforment en œuvres d’art, plusieurs exercent leur lucidité afin de soigner des maux ou exploitent leur production onirique avec leur thérapeute.
Écrire chaque jour ses rêves, en parler et y travailler, permet un dialogue intime avec ceux-ci et des rappels plus précis et récurrents. Ainsi, notre rapport onirique pourrait influencer la nature même du rêve que l’on va produire, sa remémoration ou la possibilité d’un rêve lucide.
« Un rêve qui s’évanouit est comme un fruit qu’on n’a pas cueilli » (Tobie Nathan).